C’est le nom du documentaire que les élèves de 3ème ont pu voir lors d’une séance exceptionnelle au cinéma Pathé, mardi 6 mai. Le film était présenté par son réalisateur, l’Orléanais Alexandre Moix, et relatait, 80 ans après sa mort, la vie et l’œuvre d’Anne Frank, autrice d’un journal intime dont le succès international ne s’est pas démenti depuis sa parution en 1947.
- Alexandre Moix à la projection
Hollandaise d’origine allemande, Anne Frank est morte à 15 ans dans le camp de concentration de Bergen-Belsen ; elle n’avait rien fait de mal, mais elle était juive, ce qui la vouait à la haine des Nazis. Pendant deux ans, entre 1942 et 1944, elle a vécu avec sa famille, une autre famille (les Van Daan) et un dénommé Dussel dans un logement minuscule et secret à Amsterdam, pour échapper à la déportation. Ils ne sont sortis de là que lorsqu’ils ont été arrêtés, suite à une dénonciation dont l’auteur n’a jamais été identifié. De tous les occupants de ce qu’Anne appelait "L’Annexe", seul son père a survécu aux camps de la mort.
Le journal est donc un témoignage sur des conditions de vie proches de la survie, pendant la 2ème Guerre mondiale : la jeune fille y évoque le manque d’intimité, le confinement, la nourriture ni variée ni abondante (apportée par des amis qui prenaient ainsi de gros risques), la peur, la nécessité de faire le minimum de bruit durant la journée, pour ne pas attirer l’attention des employés travaillant dans le bâtiment, etc. Mais ce qui le rend encore plus précieux, c’est la personnalité de celle qui aurait voulu devenir écrivaine : une adolescente ayant les soucis de toute adolescente (relations avec les parents, difficultés pour s’affirmer, éveil amoureux,...), pleine de finesse, ne manquant pas d’humour, sensible, parfois grincheuse, souvent lucide, attachante. Le film est ainsi constitué d’images d’archives de la 2ème Guerre mondiale et de reconstitutions, jouées par des acteurs, de la vie dans "L’annexe", avec de nombreux extraits du journal, qui s’interrompt quelques jours avant l’arrestation. Jeté au sol par les soldats allemands, comme un déchet sans valeur, le journal fut sauvé par Miep Gies, une amie des Frank, qui s’introduisit dans leur logement saccagé et abandonné, et espéra le rendre un jour à Anne...
Ce n’était pas la première projection devant un public scolaire, mais Alexandre Moix a fait remarquer, une fois la lumière revenue, qu’il n’avait jamais ressenti une telle attention dans la salle. Il s’est prêté aux questions plutôt pertinentes des élèves, expliquant par exemple qu’il n’avait pas voulu inventer des dialogues pour les acteurs rejouant la vie dans "L’Annexe" : il ne voulait, pour cela, que les mots en voix off d’Anne Frank. Il n’a pas voulu non plus reconstituer l’enfer des camps, l’adolescente n’ayant pas pu écrire dessus.
Il est également revenu sur la longue élaboration du film (laquelle a duré plusieurs années) : trouver des archives, en obtenir les droits, ajouter des bruitages ou de la musique, créer des décors pour la reconstitution, trouver les acteurs et les actrices, avoir des vêtements correspondant à l’époque, etc.
Dans son journal, le 4 avril 1944, Anne Frank écrivit : "Je veux continuer à vivre, même après ma mort", ajoutant qu’écrire lui permettait "d’exprimer tout ce qui pass[ait] en [elle]". Elle était lucide et a atteint son but.
Faut-il ajouter que, si ce film était historiquement captivant, il était aussi, humainement, émouvant ?
J.M. Simon, 13 mai 2025.